Maigret of the Month: Maigret et le client du samedi (Maigret and the Saturday Caller)
12/28/08 ![]() Are the Maigrets detective stories? Here we find Maigret battling an unusual case, in the sense that he is consulted more as a confessor than a policeman, before a crime has been committed. Once more, Simenon deviates from the classic rules of the detective story – and moreover we can ask whether the Maigrets actually are detective stories in the traditional sense... where we expect the investigator, policeman or detective, to be presented with a corpse whose murderer he must discover. Here, Maigret is confronted by a character, banal in appearance, who seeks him out at home on the Boulevard Richard-Lenoir, to confess, not to a murder, but to his intention to commit one. As in Maigret Has Scruples [SCR], the Chief Inspector will intrude into a milieu where he is not only not obligated to, at first, but not authorized to, since he hasn't the right to act until a crime has been committed. Moreover, in this regard, we can find similar cases in more than one novel in the corpus, justifying the opinion that these novels are not detective stories in the strictest sense. Ignoring Maigret and the Gangsters [LOG] (where there is just an unsuccessful attempt at murder) and Maigret and the Minister [MIN] (the crime is a theft), we can find a number of novels where the murder becomes, in a way, the background, and the object of the plot is less the search for the guilty person than a search for the victim's past (Maigret and the Young Girl [JEU], Liberty Bar [LIB], Maigret in Montmartre [PIC], for example), or an attempt to understand the motives of the murderer (Maigret and the Killer [TUE], Maigret and the Headless Corpse [COR], Maigret and the Wine Merchant [VIN], for example). We also note that often Maigret, led by his innate gift of empathy, tries not only to understand the criminal, but sometimes takes things to the absurd (consider, for example Maigret and the Flemish Shop [FLA], where the Chief Inspector doesn't have Anna arrested, or Inspector Cadaver [CAD], where Maigret plays "mender of destinies" by obliging the murderers to expiate their crime through an arranged marriage). And when Maigret must, in spite of everything, deliver the guilty to justice, he does so almost reluctantly (see for example, Maigret and the Millionaires [VOY]), or he arranges to be in some way relieved of the task... he arranges for Peter the Lett [LET] to get a revolver with which he can kill himself, he transforms the attempted murder of his inspector into a bungled burglary (Maigret Rents a Room [MEU]), or he allows the guilty one to escape (Maigret's Failure [ECH]). Maigret's attitudes towards crime and criminals are simply a reflection of the actual attitudes of the author. Simenon, in his novels, tries to show that man is never completely responsible for his actions, and that (almost) all murders are, if not excusable, at least explainable by an almost unconscious logic which has pushed the perpetrator to the enactment. Just limiting ourselves to the Maigret novels, we can make an interesting analysis of the motives for the crimes described, and we discover that they all have motives to explain, and often almost justify them. Further, Maigret's attitude toward the guilty differs according to the motives which led them to act. Considering the 74 novels (without the short stories and Maigret's Memoirs [MEM]), we find 87 murders exposed, which I have attempted to regroup into 10 categories:
We see that some murders could possibly be assigned to more than one category (for example, we might ask whether Radek's murders aren't also resulting from humiliation). Here, summarized in the form of a graph, the results of the analysis:
We note the following points:
So we see that in the Maigret novels, we are far from the detective story where the plot consists simply of "tracking down" the guilty person with the help of clues for solving a murder. And this elegantly solves an enigma... Maigret, if he searches the truth, is not so much for the lover of crime puzzles, but rather for the "seeker of men", searching for human truth...
Murielle Wenger
translation: S. Trussel |
Maigret of the Month: Maigret et le client du samedi (Maigret and the Saturday Caller)
12/07/08 Photos of locations where some of the action takes place in Maigret et le client du samedi...
Jérôme |
Maigret of the Month: Maigret et le client du samedi (Maigret and the Saturday Caller)
12/28/08 ![]() Les Maigret: des romans policiers ?
Voici Maigret aux prises avec une enquête inhabituelle, dans le sens où on vient le consulter, plus comme un confesseur que comme un policier, avant qu'un crime soit commis. Une fois de plus, Simenon s'écarte des règles "classiques" du roman policier – on pourrait d'ailleurs se poser la question de savoir si les Maigret sont des romans policiers au sens traditionnel du terme... – qui veulent qu'un enquêteur, policier ou détective, soit mis en présence d'un cadavre dont il s'agit de découvrir l'assassin. Ici, Maigret est confronté à un personnage, banal en apparence, qui vient le trouver dans son cadre familier du Boulevard Richard-Lenoir, pour y confesser, non pas un crime, mais son intention d'en commettre un. Comme dans Les scrupules de Maigret, le commissaire va devoir faire une intrusion dans un milieu alors que rien, au départ, ne l'y autorise, puisqu'il n'a pas la légitimité d'agir que lui conférerait un crime avéré. D'ailleurs, en y réfléchissant, on pourrait trouver des cas similaires dans plus d'un roman du corpus, ce qui justifierait l'opinion que ces romans ne sont pas des romans policiers au sens strict. Sans compter Maigret, Lognon et les gangsters (où il n'y a qu'une tentative de meurtre non aboutie) ou Maigret chez le ministre (le "crime" consiste en un vol), on trouvera nombre de romans où le crime passe, pour ainsi dire, au second plan, et l'objet de l'intrigue est moins la recherche du coupable que la quête du passé de la victime (Maigret et la jeune morte, Liberty Bar, Maigret au Picratt's, par exemple), ou que l'essai de compréhension des motifs du coupable (Maigret et le tueur, Maigret et le corps sans tête, Maigret et le marchand de vin, par exemple). On notera aussi que souvent Maigret est amené, par son don inné d'empathie, à non seulement comprendre le criminel, mais parfois à la limite de l'absoudre (que l'on songe par exemple à Chez les Flamands, où le commissaire ne fait pas arrêter Anna, ou à L'inspecteur Cadavre, où Maigret joue les "raccommodeurs de destinée" en obligeant les complices du meurtre à expier leur crime par un mariage arrangé). Et quand Maigret est obligé de livrer malgré tout un coupable à la justice, il le fait presque à son corps défendant (voir par exemple Maigret voyage), ou alors il s'arrange pour être en quelque sorte déchargé de la besogne: il met à disposition de Pietr le Letton un revolver pour que celui-ci puisse se suicider, il transforme l'attentat contre son inspecteur en un cambriolage raté (Maigret en meublé), ou il laisse le coupable prendre la fuite (Un échec de Maigret). L'attitude de Maigret envers les coupables et les crimes ne sont d'ailleurs que le reflet de la propre attitude de Simenon. Celui-ci, dans ses romans, cherche à montrer que l'homme n'est jamais complètement responsable de ses actes, et que (presque) tous les crimes sont, sinon excusables, du moins explicables par une raison plus ou moins inconsciente qui a poussé leur auteur au passage à l'acte. En ne considérant que les romans Maigret, on peut faire une intéressante analyse des motifs des crimes décrits, et on se rend compte que tous ont un mobile qui les explique, et souvent les justifie presque. De plus, l'attitude de Maigret envers les coupables est assez différente selon les motifs qui les ont fait agir. En prenant en compte les 74 romans (sans les nouvelles ni Les Mémoires de Maigret), on arrive à 87 crimes exposés, que j'ai essayé de regrouper en 10 catégories:
Notons que certains crimes pourraient peut-être appartenir à plusieurs catégories (par exemple, on peut se demander si les crimes de Radek ne sont pas aussi dus à l'humiliation). Voici, résumé sous forme de graphique, ce que donne l'analyse:
On notera les points suivants:
Si son métier l'oblige à "chercher la vérité", c'est plus par amour de cette recherche qu'il agit, que parce qu'il veut à tout prix enfermer un coupable: plus d'une fois, c'est à contre-cœur qu'il a dû livrer celui-ci à la justice (Maigret voyage, Maigret en meublé, La guinguette à deux sous, Maigret hésite, Maigret et l'homme tout seul). Il n'y a qu'une catégorie de meurtriers qui ne trouvent pas grâce à ses yeux: ceux qui s'en prennent à d'innocentes victimes pour les intérêts sordides du pouvoir et de l'argent (Maigret et le client du samedi, Maigret et l'indicateur, Mon ami Maigret): ceux-là, c'est (presque) sans remords et avec une sorte de jubilation qu'ils les envoie à la punition: c'est avec ceux-là aussi qu'il se permet les rares gestes brutaux de sa carrière: la gifle aux "sales gamins" que sont De Greef et Moricourt (Mon ami Maigret), le coup de poing au visage de Ramuel (Les caves du Majestic), le bris de la carafe de Valentine (parce qu'on ne gifle tout de même pas une vieille femme...) (Maigret et la vieille dame). On voit donc que dans les romans Maigret, on est loin du roman policier où l'intrigue consiste à simplement "traquer" le coupable à l'aide d'indices pour découvrir la solution d'un crime, comme on résoudrait élégamment une énigme: Maigret, s'il cherche la vérité, la cherche non en tant qu'amateur de rébus policiers, mais en tant que "chercheur d'hommes"en quête de vérité humaine...
Murielle Wenger
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